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Dire je t'aime : Y'aura-t-il un avant et un après ?

Alors que le fait d’aimer se ressent avant toute chose, l’expression de ce sentiment n’est parfois pas à la hauteur des émotions éprouvées. Très souvent, lorsqu'un acte est considéré « plus facile à dire qu’à faire », « Dire je t’aime » est certainement l’exception qui ne confirme pas la règle et BEN plg sait nous le rappeler avec ce premier véritable album, sorti le 26 janvier dernier.





Plusieurs projets déjà sortis depuis 2019 et 15 titres pour tenter de dire je t’aime ; me faudra-t-il autant de mesures et d’années d’expériences pour exprimer le sentiment qui rythme nos vies, un peu plus chaque jour et de manières différentes pour chacun d’entre nous ? Avant même de pouvoir répondre à cette question et de simplement la conscientiser, il m’a fallu beaucoup d’écoutes, peut-être trop.


Le choix d’une expression forte et marquante comme titre de ce premier album n’est pas étonnant lorsque le style de BEN plg - Thomas, de son prénom, est connu. Sincère, instinctif, réaliste et singulier, celui-ci ne se bat que pour représenter les siens, pour servir ses émotions et les rendre lisibles. 


Pratiquement cinq mois se sont écoulés depuis la sortie de l’album et j’ai le sentiment de ne pas l’avoir encore digéré. Pour autant, le besoin d’en parler ne disparaît pas et il a même fini par constituer une étape incontournable pour l’encaisser. Il m’a fallu du temps pour le comprendre, mais surtout, une page blanche.


Sans un mot


Des larmes d’abord, des sourires et des regards complices ensuite ; BEN plg sème le chaos, un désordre tel que les basses ne cessent de faire trembler le sol, de faire vibrer mon cœur et de me laisser sans voix. “Dire je t’aime” est un raz-de-marée qui se déferle sur qui veut bien l’entendre mais surtout, l’écouter. 


Après des semaines d’écoute, je me suis retrouvée confrontée à quelque chose de très précieux comme de très déstabilisant : je l’ai entendu, je l’ai écouté, et sans qu’il ait réellement besoin de le dire, je l’ai compris. L’information a été transmise, vécue, mais elle m’est impossible à exprimer. Les nuits sont courtes, les pages se noircissent mais restent blanches ; je ne trouve aucun mot.


“J’avais besoin de réfléchir donc j’ai coupé le son,  J’ai pas compris ce qui s’passait j’ai remis le son.”  / “Prochaine fois” - Dire je t’aime (2024)

Comment, face à son écriture viscérale, il m’est impossible d’écrire à mon tour ? Pour un certain nombre, le nom de BEN plg a commencé à résonner récemment, mais son amour pour la musique et le rap ne date pas d’hier. Alors qu’il s’est parfois questionné sur la légitimité de son art, il me semble qu’aujourd’hui, celle-ci n’est plus un sujet, tout comme le sentiment de vouloir en être.


À travers les 15 titres offerts dans cet album, il est question de sincérité, d’émerveillement, de nostalgie mais aussi d’images, de beaucoup d’images. Tout se passe à travers ses yeux, tantôt face à un mur, tantôt dans le regard des personnes qui l’entourent. Étrangement, l’un se veut dur, porteur et sans profondeur quand l’autre constitue une vaste étendue d’interprétations et de vérités parfois dures à exprimer. 


Face au bruit


Comme pour beaucoup d’auditeurs, le morceau introductif d’un projet à toujours eu une importance singulière dans mon expérience d’écoute. Ainsi, dès que je lance l’album, il suffit simplement de quelques secondes pour que mon cœur se cale sur le bruit du métronome minutieusement introduit par Lucci et que le voile de pudeur glisse comme les gouttes de pluie sur la vitre à la suite des premiers mots prononcés par BEN plg : 


« J’ai encore un bruit dans la tête, J’ai encore une boule dans le ventre,  C’est toujours le même bruit dans le vent »  / Silhouette des ombres - Dire je t’aime (2024)

Commençant par là, je ne vous apprends rien quand j’avance que l’album est façonné par l’introspection, mais pas que. Les différents récits qui constituent la vie de BEN plg, ses trajectoires de vie insolites mais aussi ses pistes de réflexions, abouties ou non, sont toujours bercées par la musicalité des mots. Finalement, la proposition artistique est si dense, qu'elle m’emporte. Elle emporte tout ce qui se trouve sur mon passage, en commençant par mes émotions. La gorge nouée, mes émotions se mélangent aux siennes, se permettent de faire beaucoup de bruit pour, petit à petit, imposer un silence.


Le silence peut être assimilé à la solitude, au vide et à l’absence de bruit. Pour autant, celui-ci s’accorde avec nos pensées, nos souvenirs, nos habitudes, nos rêves, nos fantasmes parfois. Le silence serait même le bruit du temps qui passe, des aiguilles de la pendule qui s’entrechoquent pour laisser la vie donner de nouvelles choses à raconter. Durant 44 minutes, BEN plg se livre sans faire de calcul : chaque sonorité à son mot à dire et quand il s’agit d’aimer, il faut creuser. 


Avec amour


Alors j’ai cherché, j’ai creusé et j’ai fini par m’assourdir. Je me suis laissée submergée par les chagrins, les inquiétudes, les souvenirs, les espoirs, les soupirs. La mélancolie m’a transporté et le filigrane de ses pensées m’a travaillé.


En 2022, sur le morceau “Magnifique”, BEN plg écrit ces lignes : 


“Bientôt j’pourrai dire je t’aime,  Sans la voix qui tremble,  Sans la gorge sèche,  Sans considérer mon cœur comme une prothèse”  / “Magnifique” - Réalité Rap Musique, Vol 3 (2022)

En 2024, “Dire je t’aime” devient le titre de son premier album mais rien n’est réellement anticipé, l’expression de l’amour reste encore compliquée mais j’ai le sentiment que BEN plg a trouvé sa recette dans les détails.


“J’ai grandi, j’arrive enfin à pleurer,  Il est loin mais il est toujours au fond d’moi,  Le p’tit garçon qui parle apeuré,  J’louperai plus jamais une occasion d’applaudir, À la fin on s’rappelera surtout de ton sourire,  J’mélange les meilleurs moments avec tes rêves, C’est comme ça qu’on fait un souvenir.”  / “Prochaine fois” - Dire je t’aime (2024)

Comme certaines de ses réflexions, ne pas oublier de dire je t’aime est un conseil donné à soi-même et à tous ceux qui veulent bien l’entendre. Alors que rester sans un mot est une manière de s’exprimer, être face au bruit permet de faire le tri pour préserver et entretenir ce qui nous est le plus précieux : l’amour


Alors, entre vous et moi, il ne sera plus question de prochaine fois. 


Un grand merci à BEN plg, mais surtout à Thomas, d’avoir pris le temps d’échanger avec moi et d’avoir nourri mes propos pour écrire ce papier, en toute sincérité. 



Écrit par 𝐿𝑜𝓇𝓇𝒶𝒾𝓃𝑒 𝐵𝒾𝒶𝓋𝒶,

Le 17 mai 2024

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